Pédiatres genevois: pas de grève, mais un changement de pratique

Face à une situation toujours floue sur les taxes d’urgence, la Société genevoise de pédiatrie envisage deux scénarios: ne plus assurer de gardes ou les rapatrier dans les cabinets de volontaires.

, 31 mars 2025 à 12:53
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Image symbolique: CDC/Unsplash
La nouvelle était tombée peu avant Noël: la Société des médecins FMH et la nouvelle organisation faîtière des assureurs maladie, Prio.Swiss, annonçaient avoir trouvé un accord sur la question pressante des indemnisations en cas d’urgence. L’objectif: clarifier la facturation des forfaits d’urgence. Mais la convention désormais en place s’avère, selon de nombreux médecins, trop floue, voire insatisfaisante. La Société genevoise de pédiatrie déplore une absence de réelle avancée.
Dans une interview accordée à la «Tribune de Genève», les coprésidents de la Société genevoise de pédiatrie, Martine Bideau et Jean-Yves Corajod, annoncent un tournant. Le système de gardes assurées en soirée et le week-end dans les trois centres de Lancy, La Tour et des Eaux-Vives, où environ 12'000 enfants sont pris en charge chaque année, pourrait être significativement remanié.

Deux scénarios sur la table

Les membres de la société devraient être consultés sur deux options.
La première, particulièrement radicale, consisterait à suspendre les gardes jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle structure tarifaire à la prestation, TARDOC, prévue pour le 1er janvier 2026.
La seconde, jugée plus modérée, permettrait un recentrage des gardes dans les cabinets de volontaires. Dans ce cas, les horaires et lieux ne seraient plus communiqués en amont aux familles: les parents devraient appeler et seraient orientés vers le cabinet disponible.

Risque d'un report sur l'hôpital

«Nous pourrons alors facturer la taxe, mais ce système sera moins efficient et pourrait entraîner un report sur l’hôpital ainsi qu’une augmentation des coûts – nos consultations sont au moins deux fois moins chères que les hospitalières», interpellent Martine Bideau et Jean-Yves Corajod dans les colonnes de la «Tribune de Genève».
Et de conclure avec une mise en garde plus large: «La médecine de premier recours est un pilier du système de santé et il faut la revaloriser pour assurer sa relève. Or, on fait tout le contraire! Sans compter que les assureurs prennent de plus en plus de pouvoir, c’est préoccupant.»
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