C’est la fin d’un procès hors norme qui aura duré trois mois: Joël Le Scouarnec, 74 ans, ancien chirurgien, a été condamné ce mercredi à 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale encourue, pour viol et agressions sexuelles sur près de 300 victimes – des victimes en grande majorité mineures au moment des faits et figurant parmi ses patientes et patients.
Ce verdict, rendu par la cour criminelle du Morbihan, met un point final – du moins temporaire – à l’une des plus grandes affaires de pédocriminalité jamais jugées en France. L’ancien médecin a exercé dans une douzaine d’hôpitaux à travers le pays, où il a pu commettre ses crimes en toute impunité pendant 25 ans.
Face à des preuves accablantes, notamment des carnets dans lesquels il consignait méticuleusement les sévices qu'il infligeait, Le Scouarnec a tout reconnu. À l’audience, il a admis avoir profité de sa fonction pour «commettre ces actes infâmes», allant jusqu’à se déclarer «archi-coupable», selon les termes de son avocat, Maxime Tessier. Il n’aurait d'ailleurs formulé aucune demande d’atténuation de peine.
«Vous avez été l’impensable du monde médical»
Certaines victimes ont découvert l’ampleur des faits à leur encontre lors du procès, notamment à la lecture des carnets tenus par Le Scouarnec. Pour d’autres, l’audience a ravivé des souvenirs douloureux. En outre, l’accusé a reconnu sa part de responsabilité dans la mort de deux victimes, l’une décédée d’une overdose et l’autre par suicide.
«Vous avez été l’impensable du monde médical», a déclaré la présidente de la cour à l'énoncé du verdict. La cour a néanmoins choisi de ne pas retenir la rétention de sûreté demandée par l'avocat général, imposant toutefois une période de sûreté couvrant les deux tiers de la peine.
Déjà incarcéré depuis 2017, Joël Le Scouarnec restera derrière les barreaux pour de longues années. Ce procès ne sera sans doute pas le dernier: certaines victimes restent encore non identifiées et d’autres pourraient encore se manifester.