«Heurtés», les chirurgiens viscéraux critiquent leur mise à l’écart des congrès

La Société suisse de gastroentérologie met brusquement fin à une collaboration qui durait depuis plusieurs décennies. Le chirurgien viscéral Urs Zingg y voit un «repli sur soi-même».

, 29 septembre 2025 à 23:00
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Urs Zingg est médecin-chef du Service de chirurgie, responsable du Département médical et membre de la direction de l'Hôpital Limmattal. Ses domaines de spécialité sont la chirurgie viscérale et générale, ainsi que la traumatologie | Image: DR
«Je trouve cette décision décevante et incompréhensible», déclare Urs Zingg. Le médecin-chef de l’hôpital de Limmattal se dit déçu par la décision de la Société suisse de gastroentérologie (SGG) d'exclure, à l'avenir, les chirurgiens viscéraux des congrès communs.
Pendant plus de vingt ans, les chirurgiens viscéraux ont participé aux congrès annuels d’Interlaken, mais cela devrait prendre fin dès l’an prochain.
«Beaucoup de chirurgiens viscéraux et de gastroentérologues, qui travaillent main dans la main au quotidien dans les cliniques, se sentent heurtés, d’autant que les deux sociétés savantes peuvent se prévaloir d’une collaboration fructueuse de plusieurs décennies», écrit la société Swiss Visceral Surgeons (SGVC/SSCV).
Et d’ajouter: «Pourquoi mettre fin du jour au lendemain à un format éprouvé d’échanges, de formation continue et de promotion du bien-être des patients – sans alternative? Et pourquoi les membres n’ont-ils pas été consultés?»

Égoïsme, esprit de concurrence…

Les membres n'auraient en effet pas été informés et les raisons de ce choix seraient restées confidentielles, explique Zingg: «Le congrès est une plateforme centrale d'échange scientifique et de collaboration interdisciplinaire. Cette exclusion envoie un mauvais signal, surtout aux jeunes générations.»
Il souligne toutefois qu'il n'existe pas de fossé fondamental entre les disciplines.
Dans une lettre ouverte adressée à la SGG, Zingg rappelle que les congrès ne permettaient pas seulement l’échange scientifique, mais offraient aussi l’occasion de dépasser les frontières de sa propre spécialité et de faire connaissance avec de nouveaux collègues.
Zingg critique plus largement le climat qui règne dans le système de santé: «Notre système est souvent marqué par l’égoïsme, l’esprit de concurrence et les intérêts particuliers. S’y ajoutent l’envie, la malveillance et la condescendance. Cette exclusion ressemble à un repli sur soi et envoie un mauvais signal.»
Alain Vonlaufen, coprésident de la SGG, indique à Medinside que les discussions internes ayant mené à cette décision sont confidentielles: «Nous ne souhaitons pas les rendre publiques et nous vous prions de bien vouloir le comprendre.»

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